Discours prononcé par Claudie Méjean le vendredi 11 novembre 2016 lors de la cérémonie de commémoration “de la Victoire et de la Paix” :
 

5h15, le 11 novembre 1918, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, l’armistice était signé dans un « wagon » du train d’État-Major du maréchal Ferdinand Foch. Le cessez-le-feu est effectif à 11 heures, entraînant dans l’ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin de la « Grande Guerre », une guerre des nations qui a fait plus de 9 millions de morts et des millions d’invalides et de mutilés. Une génération humaine détruite. L’Allemagne capitule et demande l’arrêt des combats. Cet armistice marque la fin de la guerre et la victoire des Alliés sur l’Allemagne.
 
Il y a 100 ans exactement : 1916 l’année de la bataille de Verdun « Qui n’a pas fait Verdun n’a pas fait la guerre ! » L’exclamation est courante en 1916 parmi les soldats français. Dans la mémoire collective, cette bataille a un statut exceptionnel : elle résume la Grande Guerre, elle en est le symbole et l’emblème. Verdun, c’est la mise en œuvre du plan d’anéantissement de l’armée française par les allemands. C’est la bataille qui a été vécue par le plus grand nombre de soldats français. Leur souvenir, c’est celui d’un enfer sans équivalent. C’est l’horreur et la violence extrême au-delà de toute imagination. Les témoignages déclinent un martyre : la boue, les rats, la soif, la peur, le chamboulement des tranchées sous les marmites, les cris des blessés dans le no man’s land, les corps disloqués, la puanteur, la mort.
 
L’essentiel des combats a eu lieu du 26 février 1916 au 19 décembre 1916. Au total plus de 700 000 hommes y périrent.

 

Témoignage d’Armand Dupuis, 27 février 1916, Lettre extraite du cahier de M. Dupuis, instituteur à Cellefrouin (Archives départementales de la Charente) :

Des morts plein les routes jusqu’à 7 kilomètres à l’arrière. Les convois passent dessus, les écrasent et les embourbent et les schnarpells gros comme des noix pleuvent sans arrêt. Notre tranchée n’est qu’un modeste fossé creusé à la hâte. Nous y restons tapis en attendant que les boches attaquent. Le 27 au soir nous contre-attaquons à la nuit tombante. Nous avançons sous un feu d’enfer, toutes les figures me semblent avoir des expressions extraordinaires. Personne ne semble avoir peur, car chacun sait ce qui l’attend. On n’entend que le crépitement de la fusillade, les éclatements des obus, et les cris étouffés de ceux qui sont frappés.

 
Je veux au nom du conseil municipal vous remercier tous aujourd’hui pour votre présence encore une fois nombreuse. Merci aux enfants d’abord, les écoliers et les conseillers municipaux jeunes. Ils s’investissent dans ce travail de mémoire avec leurs enseignants. Ils chantent l’hymne national avec force conviction au pied de notre monument. C’est à eux que nous transmettons le flambeau du souvenir. Nous comptons sur eux pour qu’ils soient des gardiens de la paix qui doivent savoir que sans le respect de l’autre et sans la tolérance, il n’y a pas de paix possible.
 
Merci également aux fidèles portes drapeaux, aux sapeurs pompiers du centre de secours de Bram, aux représentants de la gendarmerie et du CTM France Sud.
 
Merci enfin aux musiciens des Sans soucis, eux aussi fidèles à nos commémorations.
 
J’emprunterai à Lucie Aubrac le mot de la fin. Institutrice, résistante de la première heure de la seconde guerre mondiale, elle affirmait que « la cohésion nationale est un combat de tous les jours » et que nous devions « garder vivante dans nos cœurs la flamme des luttes de la République pour la Liberté ». Ses paroles résonnent fort aujourd’hui peut être encore plus qu’hier. Cette flamme ne doit pas s’éteindre. Elle est notre espoir. Un espoir de fraternité.
 
Lucie Aubrac disait que « le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent ». Alors résistons ! Résistons au repli sur soi et au communautarisme ! Chaque jour, apprenons à vivre ensemble et à nous respecter. Faisons de notre République ce qu’elle doit être : un monde fraternel et solidaire.
 
Je vous propose de reconstituer le cortège pour rejoindre la mairie et rendre honneur aux drapeaux.