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Un passé sous silence est issu du projet transmédia SCARS OF CAMBODIA du binôme français Emilie Arfeuil, photographe, et Alexandre Liebert, réalisateur, qui se décline également sous la forme d’un documentaire de création de 30 minutes, d’un livre de photographies et d’un diaporama sonore. L’exposition partage une rencontre intime et dresse un portrait sensoriel de la mémoire enfouie, la manière dont elle transparaît dans les gestes, les attitudes et les regards, dont elle peut définir une personne et la marquer à vie. 

Le 17 Avril 1975, les Khmers Rouges prennent le contrôle de Phnom Penh qu’ils vident de ces habitants en une journée. Menée par Pol Pot, cette dictature terrorise la population pendant plus de 3 ans: les habitants sont affamés, envoyés dans des camps de travaux forcés, emprisonnés, torturés, ou tués. Ce génocide a fait 1,7 millions de morts, soit presque 21% de la population. Le Cambodge porte toujours en lui les traces de ce génocide et se reconstruit sur le non-dit d’une génération traumatisée. Un pays de silence. 

Il est de ces rencontres dues au hasard qui marquent une vie. Au bas de son immeuble, au café d’en face ou à l’autre bout du monde. C’est par hasard qu’Emilie et Alexandre ont fait la connaissance de Tut, un pêcheur de 52 ans, dans une petite rue de maisons de pêcheurs sur pilotis, en périphérie de la ville de Kampot. La ressemblance d’Emilie avec l’une des sœurs perdues de Tut déclencha la rencontre, la curiosité réciproque, puis le retour de la mémoire et le besoin soudain de tout raconter pour la première fois. à partir de ce lien ténu s’est tissée une relation de confiance, construite sur trois voyages, entre 2010 et 2013, et plus de 5 mois sur place, pendant lesquels il leur a raconté au quotidien les tortures subies lorsqu’il était encore adolescent, et jusqu’à présent enfouies en lui. Parce qu’au départ ils ne parlaient pas la même langue, leur communication s’est développée dans le silence, à travers le langage du corps. Les mimes se sont alors mêlés au quotidien, la violence passée pouvant ressurgir au travers de chaque objet comme autant de traces inaltérables de la mémoire: une fleur coupée comme un souvenir d’amputation; un fruit ensaché, l’étouffement, la torture. Tut est allé jusqu’à se remettre en scène, créer des reconstitutions pour témoigner clairement de ce qu’il a vécu.

Co-produite par Stimultania et le GRAPh-CMI, l’exposition a été présentée à Strasbourg du 2 Octobre au 29 Novembre 2015. Elle a ensuite été entièrement repensée par les artistes pour l’espace arts et cultures de Bram, les Essar[t]s. Le film a reçu huit prix et a été sélectionné dans une vingtaine de festivals internationaux. Le diaporama sonore a reçu le Coup de Cœur du Prix International des nouvelles écritures.

EMILIE ARFEUIL | PHOTOGRAPHE

Née à Clermont-Ferrand en 1983, elle vit et travaille à Paris.

Dans ses projets photographiques et films, elle mêle étroitement approche documentaire, vision d’auteur et mise en scène. Dans des ambiances au sentiment de “temps suspendu”, inspirées par la peinture flamande et le cinéma, elle traite principalement des thématiques de la mémoire et des questions identitaires.

Elle a remporté le Prix du public du Festival Portrait(s) de Vichy en 2013, a été finaliste de la Bourse du Talent Reportage 2013 et lauréate SFR Jeunes Talents en 2012. Son travail a été exposé à l’Hôtel de Ville de Paris aux côtés de Robert Doisneau, au Salon de la Photo, et dans des institutions, festivals et galeries à Paris, Strasbourg, Berlin, Londres, Phnom Penh et Bombay. Ses diaporamas sonores ont été projetés au Festival Zoom de Saguernay au Québec, au Festival Transizioni à Bologne, au Mois de la Photo à Paris, à la SCAM, au MAP Toulouse ainsi qu’aux Assises du Photojournalisme. Elle est membre du Studio HANS LUCAS depuis 2012.

ALEXANDRE LIEBERT | RÉALISATEUR VIDÉASTE

Né en région parisienne en 1981, il vit et travaille à Paris entre deux voyages.

Après des études théoriques de cinéma à l’Université Panthéon-Sorbonne, Alexandre réalise plusieurs courts-métrages de fiction et des œuvres expérimentales, tels que CHIMÈRE (3 sélections en festivals) ou AE[EUDANL’AH] (12 sélections et 5 prix).

En 2010, au cours d’un voyage en solitaire de 8 mois en Inde, il réalise ses premières expériences documentaires, ainsi que de nombreuses BÊTISES FILMIQUES.

Après 3 ans passés sur le projet SCARS OF CAMBODIA (le film a reçu 8 prix, 20 sélections en festivals), il travaille aujourd’hui sur de nouveaux projets de documentaires de création, sur la solitude en milieu urbain et le devoir de mémoire. Son approche a la particularité d’allier une esthétique et des techniques issues de la fiction à une écriture documentaire.

Parallèlement à ses projets à long-terme, il réalise des clips, ainsi que des mini-séries, sous la forme d’autofilmage, telles que ARLALA, websérie décalée sur les Rencontres de la Photographie d’Arles, diffusée par le magazine OAI13. Il est membre du Studio HANS LUCAS depuis 2012.

Exposition proposée par le GRAPh–CMi

Informations : 

04 68 71 65 26 et cmi.graph@gmail.com