BDef MG 1050  Préhistoire et protohistoire de l’ouest audois

 

Choppers, bifaces, unifaces sont des galets taillés qui attestent des premiers peuplements en Lauragais.
Ces objets remontant à –500 000 ans (Paléolithique inférieur) ont été pour la plupart collectés sur les terrasses du Fresquel.

Des premiers peuplements à la sédentarisation

Marc Mesplie Photographe 6142

 

C’est dans cette vallée, celle du Tréboul, et sur les piémonts de la Montagne Noire que se sédentarisent au Néolithique (-6000 -4000) des populations venues d’Italie. Elles utilisent de nombreux objets tranchants : lames, grattoirs, haches et autres herminettes. Ces outils sont pour certains originaires du Massif Central, des Alpes et même de Sardaigne, ce qui témoigne d’une circulation des matériaux précoce et déjà intense.

Les tombes à incinération de La Gabache et Buzerens ont quant à elles la particularité d’avoir livré des objets en métal dont les tout premiers objets en fer connus dans le sud de la Gaule (Ier âge du Fer, Ve s. avt. notre ère). Les tombes sont en effet garnies des effets personnels du défunt : couteau et rasoir pour les hommes, bracelets, épingles en bronze et parures pour les femmes.

Les habitats de l’Agréable et de Sostomagus

L’oppidum de l’Agréable, à Villasavary, est un petit village protohistorique perché sur des hauteurs et occupé du VIe s. au Ier s. avant notre ère.

La population qui maîtrise agriculture et élevage profite de la fertilité de son terroir. Les échanges commerciaux avec les régions bordant la Méditerranée sont nombreux : vase, cruches, gobelets, issus de la côte catalane, amphores fabriquées en Italie et coupes attiques venues de Grèce en témoignent.

Chaque foyer produit les objets nécessaires à sa vie quotidienne : la céramique (urnes décorées, coupes et coupelles…), les sous produits animaux (manche en os, cornillons…) mais également les objets en métal. Les fragments de moules de fonderie, les objets ratés lors de la cuisson attestent ainsi de cette métallurgie domestique.

Les sites de l’Agréable et de Sostomagus (Castelnaudary) connaissent également une occupation à la fin du IIe âge du Fer (Ier s. avant J.-C.).

Le mobilier archéologique traduit une intensification des échanges, particulièrement avec l’Italie et l’entrée dans l’économie monétaire.

 

BDef MG 1057  Vicus de Bram

 

Eburomagus est l’agglomération antique la plus importante située entre Carcassonne et Toulouse. Eburomagus est un nom d’origine celtique.Il signifie « le marché de l’If » ou « le marché d’Eburos ».

C’est au IIe s. avant J.-C. que l’agglomération commence à se développer avant de prendre le statut de vicus avec la conquête romaine. Son importance, son statut, son évolution, les raisons de sa prospérité sont essentiellement dus à son implantation sur un carrefour de la voie d’Aquitaine et sa position de coeur d’un riche pays agricole.

Au IIe siècle ap. J.-C. les trois magistri vici de la ville offrent un théâtre aux habitants, comme le révèle sa dédicace découverte en 1969 dans une maison de la place Carnot. Pièce maîtresse de l’exposition, cette inscription confirme le nom d’Eburomagus et atteste définitivement l’importance de l’agglomération.

Vie quotidienne et économique

Marc Mesplie Photographe 6120

Les objets témoignent de la vie quotidienne des habitants, peuple d’artisans, de commerçants et d’agriculteurs : céramiques, lampes à huile, tabletterie, (épingles, aiguilles, pions de jeu etc) ainsi que des objets de parure en bronze et en argent et du matériel d’écriture.

L’habitat est plutôt rustique mais il évolue avec l’introduction des techniques et mode de vie romains avec l’utilisation nouvelle de tuiles, pavements de mosaïques, enduits peints…

Les amphores témoignent de l’importance des activités commerciales. Leurs formes variées nous renseignent sur la diversité de leur origine géographique et des produits transportés jusqu’à Eburomagus depuis l’ensemble du bassin Méditerranéen.

Sur place, l’artisanat s’organise en ateliers. On retrouve dans l’atelier du forgeron des outils comme une pince, et ses productions : lames, couteaux, crochets, une charnière, des clous de chaussures, un fragment d’hipposandale (ancêtre du fer à cheval)…

Commerce et productions artisanales font ainsi d’Eburomagus une agglomération riche et active en lien entre ses vastes arrière-pays et les régions de l’Empire romain.

 

BDef MG 1066  Ateliers de potiers de bram et du lauragais

 

Cette région est, sur la longue durée, une terre de potiers comme en témoignent les nombreux ateliers de toutes périodes révélés par l’archéologie. Au XIXe et XXe s. encore, les ateliers du Lauragais constituent une activité prospère.

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Une production importante influencée par les techniques romaines

Les productions de Bram à l’époque augustéenne illustrent une phase importante de l’histoire de la céramique où la production rompt brusquement avec les traditions régionales.

Grâce à des transferts de main d’oeuvre et de technologie, les propriétaires d’ateliers fabriquent en série pour de vastes régions des produits semblables à ceux fabriqués en Italie, notamment de la céramique de table à vernis rouge que l’on appelait « présigillée sud gauloise ».

Les ateliers d’Eburomagus mettent sur le marché des produits céramiques répondant à tous les besoins de la vie quotidienne avec de la céramique culinaire (pots, marmites et plats), de la céramique de stockage et de puisage (pots à conserves, cruches …) et des matériaux de construction.

Deux maquettes de four, une série de séparateurs, des rebuts de cuisson illustrent le domaine des techniques.

 

Des ateliers à Laurabuc et à Fanjeaux

Plus tard, la production céramique est attestée sur un domaine rural à Laurabuc. On y tourne des céramiques communes et des amphores destinées au transport du vin produit localement.

 

BDef MG 1070  Pratiques funéraires jusqu’au moyen-âge

 

La diversité des découvertes archéologiques en Lauragais permet d’établir une chronologie et une évolution des pratiques funéraires de la période gallo-romaine jusqu’au début de l’époque médiévale.
Les fouilles ont ainsi été menées sur des sites archéologiques : fermes et grands domaines antiques, stations sur la voie d’Aquitaine, vicus de Bram…

Les pratiques funéraires à l’époque gallo-romaine

A la période du Haut Empire, l’incinération est la pratique la plus répandue assortie de rituels pouvant être très différents. Des offrandes accompagnent le plus souvent le défunt. Elles sont soit placées avec lui lors de la crémation, soit déposées ensuite auprès de ses restes incinérés. Ces offrandes se composent de vaisselle (gobelets, vases), très souvent de lampes à huile.

Marc Mesplie Photographe 6130

Dans la tombe de la « Dame de Bram » ont été retrouvés des objets personnels : une cuiller à fard et un coffret en bois et garnitures métalliques. Elle a aussi reçu en offrande des fruits, parmi lesquels ont été reconnus du raisin et une noix. Une tombe-bûcher d’un riche propriétaire à Villelongue d’Aude était pourvue de onze amphores de vin, de cochons de lait, d’amandes… Les restes incinérés du défunt sont quant à eux déposés dans une urne en terre, en pierre ou encore en verre. L’urne est alors appelée ossuaire.

 

A Bram, les archéologues ont mis au jour des inhumations des nouveaux-nés. Enterrés dans de petites fosses, ils sont en général protégés par une tegula (tuile romaine). Pour l’un d’eux, un peu plus âgé, une épée miniature en fer avec poignée, pommeau et fourreau en os avait été déposée près de sa tête.

Des inhumations en sarcophage dans une église disparue à Montferrand

Avec l’expansion du christianisme, l’incinération tend à disparaître au profit des inhumations en fosse, ou en sarcophage.

A Montferrand, les fondations de deux églises à caractère funéraire ont été mises au jour avec une cinquantaine de sarcophages. Cet ensemble paléochrétien du Ve siècle, unique en Lauragais a livré de précieuses informations sur l’évolution des rites funéraires.

Les corps sont habillés et accompagnés de nombreuses plaques-boucles métalliques, plus rarement de fibules.

 

BDef MG 1063  Espace rural et agriculture à la période romaine

 

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 La fertilité des sols en Lauragais a permis le fort développement d’une population vivant de l’agriculture. A l’époque républicaine et augustéenne, l’habitat rural semble relativement mobile. On repère de nombreuses fermes autour de Sostomagus et du vicus de Bram.

Des panses d’amphores réutilisées, des fragments de dolium carbonisés contenant des féveroles et des restes de faune nous renseignent sur les modes d’exploitation et d’élevage de cette époque.

A partir du Ier s. après J.-C. la ferme évolue vers des établissements plus vastes. Les extensions et les remaniements sont nombreux. Les photographies prises en prospection aérienne montrent des évolutions complexes.

 

BDef MG 1054  Village circulaire et habitat médiéval

 

Nos villages trouvent leur origine à deux périodes, l’Antiquité et le Moyen Age. Les objets présentés illustrent l’occupation des divers types habitats médiévaux reconnus dans la région. Certains de ces villages sont tout particulièrement reconnaissables par leur forme circulaire caractéristique. Si ce sont les plus spectaculaires, ils restent peu nombreux, les villages se référant à d’autres formes étant les plus courants.

Le pouvoir religieux au Moyen-âge encadre les modes de vie et de pensée. Les églises deviennent alors des édifices structurants du paysage autour desquels se regroupent les populations. C’est ainsi que se forment les villages ecclésiaux sur plan circulaire dont on repère plusieurs phases de développement.

Le site de Barrié à Mas-Saintes-Puelles, est peut-être un de ces villages. Il a livré notamment des pots à cuire et les vestiges d’un cimetière autour de son église. Au XIIe s. la présence seigneuriale grandissant, le château féodal exerce à son tour une influence sur les populations. Des maisons se construisent autour de ce symbole de pouvoir sous le nom de castrum ou village castral.

Pour certains, ces villages ont disparu et n’ont laissé derrière eux que les traces visibles par prospections aériennes.

D’autres ont perduré comme Bram, Loupia, La Force en conservant leur structure radiale jusqu’à nos jours.

L’Aude se trouve enfin sur la frange orientale d’un type de construction surtout caractéristique de l’Aquitaine : la bastide. Ce village obéit à un plan strictement orthogonal comme en témoigne le bel exemple de Cennes Monestiés.

Marc Mesplie Photographe 6151

Le plus fréquemment, l’habitat utilise la topographie dans un souci défensif : ainsi les mottes du Mourrel à Molleville et de la Bourdette à Beflou. Sur ces lieux ont été retrouvés respectivement des du mobilier métallique et des pots à cuire. Le site de Laval Basse a fourni un abondant mobilier datant de sa période d’abandon (XIVe – XVe s.) : céramiques, monnaies, quincaillerie, objets personnels, outillage et un coquillage utilisé comme corne d’appel.

Aux XVIIe-XVIIIe siècles, les modes de conservation évoluent. Les céréales sont désormais conservées dans des greniers et les silos creusés en terre pour leur conservation sont comblés et utilisés comme dépotoirs. A Fanjeaux et à Saint Martin le Viel ces silos ont livré des céramiques désormais émaillées, des verreries et de nombreux restes de faune.