Famille, Amis, Conseillers Municipaux (actuels et anciens) : plus de 70 proches de Jacques Cambolive étaient réunis samedi matin à la Mairie pour lui rendre un nouvel hommage.
Une cérémonie durant laquelle Claudie Méjean et André Viola ont rebaptisé de son nom la salle du Conseil Municipal, où se prennent les décisions les plus importantes pour notre commune et qu’il avait lui-même créée au début des années 80.
Et pour clore ce moment riche en émotions, son ami Roger Adivèze a symboliquement épinglé les insignes d’Officier dans l’ordre de la Légion d’honneur (Jacques Cambolive avait été promu en janvier 2015) sur la veste de son petit-fils Corentin.
Découvrez ci-dessous le discours prononcé par Claudie Méjean, Maire de Bram, au cours de la cérémonie :
Jacques,
C’est à toi que je vais m’adresser.
Nous avons encore du mal à réaliser que tu es parti. Du mal à imaginer que nous n’allons plus pouvoir avoir ton avis, ton sentiment, ton ressenti sur la situation, sur un dossier ou un problème.
Cette cérémonie tu l’appelais de tes voeux depuis de nombreux mois. Tu y tenais. Tu avais plaisir à la préparer. Cette dernière reconnaissance, tu y étais attaché. Voilà pourquoi aujourd’hui nous avons souhaité nous réunir.
Tu n’as pas voulu d’hommage le jour de tes obsèques et j’imagine que tu n’en aurais pas non plus voulu aujourd’hui. Je vais essayer donc de respecter ta volonté.
Suite à ton départ de nombreux bramais sont venus me solliciter pour que nous donnions ton nom à un bâtiment de la ville. Je les ai d’abord remerciés chaleureusement de la marque d’affection qu’ils te portaient, je leur ai aussi rappelé que le pôle petite enfance portait déjà ton nom mais je leur ai promis de répondre à leur demande. Parce que j’ai compris que c’était important.
La question a rapidement finalement trouvé une réponse. S’il y avait un seul bâtiment qui méritait de porter ton nom c’est celui devant lequel tu as souhaité t’arrêter avant de partir pour toujours. Ici, la mairie, la maison commune, ta mairie. Celle que tu as servie pour tes concitoyens pendants ces 33 belles années.
On le dit souvent le mandat de maire est le plus beau des mandats. Je ne peux que le confirmer.
Et confirmer que pour toi aussi ce mandat a été celui qui t’a le plus marqué.
Et cette marque est réciproque. Tu as laisse ton empreinte dans cette ville.
Nous n’oublierons pas comme le visage de Bram a changé de par ta main. Je le disais lors de ma première élection en tant que maire en 2011. Tu nous a légué une ville avec de solides fondations.
Il nous était alors aisé de poursuivre sur cette route toute tracée. Rappelons nous qu’en 1971 lorsque tu es arrivé, Bram ne disposait même pas du tout à l’égout !
Nous n’oublierons pas comme nous avons grandi à tes côtés. Aujourd’hui c’est à la salle du conseil municipal que nous donnons ton nom. Le symbole est fort. C’est dans cette salle que toutes les décisions se prennent. C’est toi qui a fait bâtir cette extension. Qui a pensé qu’il était nécessaire de disposer de tels outils pour bien travailler, bien réfléchir, avec toi, en équipe. Cette notion d’équipe t’était chère, toi le professeur, celui qui nous a appris, fait comprendre, fait grandir. Tous.
Il n’y a pas une personne dans cette salle ce matin qui pourra dire le contraire. Nous partageons tous le sentiment que nous te devons tant pour ne pas dire tout.
Compte sur nous pour poursuivre, continuer, avancer, une marche après l’autre, sous ton regard bienveillant mais sans concession, dans l’état d’esprit que nous nous a inculqué, avec toujours en tête la solidarité et les valeurs de notre république qui te rend aujourd’hui un bel hommage.
Découvrez ci-dessous le discours prononcé par Roger Adivèze, Officier de la Légion d’Honneur, au cours de la cérémonie :
Chère Bernadette et sa famille : Paul, Christophe et ses petits-enfants, dont il était si fier,
Monsieur le Président du Conseil Départemental, Cher André,
Madame le Maire, Chère Claudie,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Avec JAcques, nous avions choisi la date symbolique du 10 mai pour que je lui remette les insignes d’officier de la Légion d’Honneur. Très fatigué, il avait souhaité différer cette cérémonie. Nous l’avions programmée alors le 12 septembre. Hélas, le destin en a décidé autrement. Le vendredi 28 août à 11h30, je recevais une très émouvante communication téléphonique de Jacques. Dans des moments pareils, seul le silence est grand.
« Jacques, je tiens absolument à te remettre l’insigne d’officier de la Légion d’Honneur. Qu’importe, me dit-il, mais cela me ferait quand meme plaisir de le recevoir vivant. »
Jacques, je suis adminratif et respectueux devant ta lucidité et ton courage, lui ai-je répondu. Tu es un grand Monsieur.
Ce fut notre dernier échange.
Aussi, c’est avec une réelle fierté et un vrai bonheur que j’avais accepté l’honnerur que me faisait Jacques en me demandant de lui remettre les insignes d’officier de la Légion d’Honneur. Aujourd’hui, dans de telles circonstances, c’est un moment encore plus émouvant, plus solennel.
Officier de la Légion d’Honneur, c’est la plus haute distinction qu’une femme ou un homme puisse recevoir. L’honneur ce n’est pas seulement le mérite, l’honneur c’est le bien moral qui permet à la fois d’acquérir la considération d’autrui et de conserver sa propre estime.
Jacques a d’abord été l’enseignant reconnu fidèle à ses valeurs pour qui la laïcité est un principe, une règle qui ne doit pas être appréhendée uniquement sous le coup de l’émotion.
Depuis le début des années 1970, JAcques, très tôt, s’est investi dans la vie publique, que ce soit au niveau de son canton en qualité de Conseiller Général durant plus de 30 ans, où il succéda à Ernest Léotard. Durant 15 ans, il fut le député de la 3ème circonscription, la plus vaste du département, de 1978 à 1993. I l succéda à un homme que nous avons tant apprécié et aimé et avec lequel Jacques avait des liens presque filiaux : Robert Capdeville, qui fut un grand président du Conseil Général et de façon concomitante Président de la Région Languedoc Roussillon. Je l’ai bien connu. Devenu hélas invalide, il décéda le 12 novembre 2001, j’ai eu l’honneur, au nom du groupe socialiste, de faire son éloge funèbre dans l’hémicycle régional à Montpellier, malgré l’opposition musclée du FN qui ne souhaitait pas que j’intervienne après Jacques Blanc, président de Région, déjà complice du FN.
C’est sans doute au niveau de sa belle commune de Bram, où il fut Maire pendant 32 ans de 1971 à 2003, qu’il s’est le plus mobilisé.
Le Maire, vous le savez, est et restera l’élu préféré des Français, celui qui inspire la confiance de proximité, il est souvent le confident des administrés.
Les Maires sont les fantassins de la République, ai-je coutume de proclamer. Il n’y a pas de petit maire, il n’y a que des maires de petites communes.On ne reste pas maire pendant 32 ans, député pendant 15 ans ou conseiller général durant 31 ans par hasard. Il faut de la passion, du courage, des principes, de la compétence. Il faut avoir la confiance de ses administrés et enfin avoir une ligne politique sans ambiguité.
Jacques a su parfaitement conjuguer tous ces principes en restant fidèle à lui-même et à ses valeurs.
Jacques aura eu la sagesse en cours de mandat en 2003 de permettre au jeune et talentueux Président du Conseil Départemental d’aujourd’hui, de devenir maire de Bram et plus tard conseiller général et président.
Jacques Cambolive, c’est un patrimoine à lui tout seul.
Bâtisseur de la Communauté de Communes, il a créé le SARPOS. N’a-t-on pas donné son nom à l’Espace petite enfance de la Communauté de Communes Piège Lauragais Malepère ? Tout un symbole fort de reconnaissance et d’amitié.
Jacques a présidé aux destinées de la Fédération et du Syndicat des Eaux de la Montagne Noire, que nous avons créée ensemble dans les années 90. Je l’ai accompagné loyalement durant de nombreuses années.
Dans ce domaine, Jacques aura été aussi le Président écouté de l’institution inter-départementale pour l’aménagement hydraulique de la Montagne Noire, succédant à celui qui deviendra le Premier Ministre de la France : Lionel Jospin. J’ai indiqué à André Viola mon intention de proposer le nom de Jacques Cambolive à la salle du siège du SSO et de la fédération à Alairac. Je sais que je serai entendu …
Jacques Cambolive aura été durant 3 décénniers à mes côtés, le précieux vice-président du Centre de gestion de la Fonction Publique Territoriale que je préside depuis 1989 et qui concerne plus de 7000 agents dans notre superbe Maison des Collectivités.
Jacques a toujours su inscrire son action dans la durée, dans tous les domaines.
Reconnu par ses amis et camarades, il a, durant de longues années, animé avec un autorité naturelle le groupe majoritaire du Conseil Général, ce qui n’était pas forcément une sinécure.
Le temps passe trop vite, il nous invite à la sagesse, à la tolérance, un sentiment qui s’apprend avec l’âge ; ce qu’il avait d’ailleurs parfaitement compris. La mort nous surprend toujours.
Il faut avoir à l’esprit que nous sommes toujours les héritiers de quelqu’un ou de quelque chose. Je crois peu aux générations spontanées et aux enthousiasmes éphémères. Aujourd’hui; tu peux être fier car André et Claudie sont tes dignes héritiers.
Tu vois Jacques, dans un monde perturbé, où le sens des valeurs s’estompe trop rapidement, il est bon, dans des moments pareils, de sentir le poids de l’amitié et de la reconnaissance. Les bramais sont fiers de toi. Toi, l’humaniste d’ont l’humilité n’a d’égale que la compétance et la sagesse.
Tu avais la tolérance chevillée au corps.
Alors devant ta famille, tes amis rassemblés, dans l’intimité de la salle qui portera désormais ton nom, je vais avoir l’honneur et la fierté de te remettre les insignes d’Officier de la Légion d’Honneur au nom du Président de la République.
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